«Les larmes de Crémisan»
Jérusalem: Confiscation des terres, les chrétiens de Beit Jala en appellent au pape François
Jérusalem, 14 mai 2013 (Apic) Les chrétiens palestiniens de Beit Jala ont adressé au pape François une lettre ouverte en forme de S0S. Ils sont menacés de voir la plupart de leurs terrains «confisqués par l’occupant militaire israélien qui a déjà commencé à construire le ‘fameux mur’ annexant la terre palestinienne chrétienne», rapporte la lettre d’information du Patriarcat latin de Jérusalem qui vient de paraître.
La vallée de Crémisan – site agricole de 170 hectares – situé au nord-ouest de Bethléem, en Cisjordanie, est menacée par Israël qui poursuit la construction de sa «barrière de sécurité». Celle-ci coupera la vallée de Crémisan en deux, privant la paroisse de Beit Jala de ses terres et séparant le couvent des salésiennes du monastère de leurs frères salésiens, «les laissant chacun d’un côté du mur», écrit le Patriarcat latin de Jérusalem dans sa lettre d’information de mai 2013.
Portant le titre «Les larmes de Crémisan», la lettre indique que les terres que le mur de séparation israélien va confisquer, en les faisant basculer en territoire israélien, sont plantées de vignobles.
La communauté salésienne cultive les coteaux de Crémisan depuis 1891
La communauté monastique salésienne cultive les coteaux de Crémisan depuis 1891 et le raisin qui y est récolté produit un vin réputé. La plainte des agriculteurs de Crémisan remonte à 2006.
En vain. Après sept années de procédures, la commission spéciale d’appel israélienne, statuant sur les confiscations de terre, a rejeté les recours présentés par les propriétaires fonciers de Crémisan, et par la Société Saint-Yves œuvrant à la défense des droits de l’Homme, qui dépend du Patriarcat et qui représentait les religieuses salésiennes, écrit le bulletin du Patriarcat latin de Jérusalem.
Le vrai visage de Shimon Peres, Prix Nobel de la Paix
«La division physique d’une communauté religieuse, l’isolement progressif des habitants de Bethléem et la confiscation de leurs terres par le mur de sécurité israélien poussent aux larmes. Comment vont vivre les générations futures ? Quel développement économique, quel espace de liberté ? Aujourd’hui, les chrétiens palestiniens fondent leur espoir sur le pape, qui a d’ailleurs reçu mardi 30 avril au Vatican le président israélien Shimon Peres, que les rédacteurs de la lettre considèrent comme ‘un des principaux auteurs de la politique israélienne de colonisation en Palestine occupée’», peut-on lire dans la lettre d’information «JERUSALEM».
Devant ce fait accompli, l’ultime recours possible est de saisir la Cour suprême israélienne. C’est ce que demande ouvertement le Patriarche latin, Mgr Fouad Twal, au nom de l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte. Il souligne à l’adresse des décideurs israéliens que «l’expropriation de terrains ne sert pas la cause de la paix et ne renforce pas la position des modérés (…) et le fait accompli ne peut pas devenir la source d’un droit nouveau».
Encadré
Dans un communiqué daté du 13 mai, le Patriarcat latin de Jérusalem et les autres Patriarches et chefs des Eglises de Jérusalem, protestent également contre les mesures de la police israélienne prises lors du Samedi Saint au Saint-Sépulcre à Jérusalem, fêté samedi 4 mai selon le calendrier julien des Eglises orientales.
«Nous, chefs des Eglises de Jérusalem, avons observé le cœur triste les scènes horribles du traitement brutal de notre clergé, des gens, et des pèlerins dans la Vieille Ville de Jérusalem Samedi Saint dernier. Ce jour de joie et de célébration s’est transformé en un jour de grande tristesse et de douleur pour certains de nos fidèles parce qu’ils ont été maltraités par des policiers israéliens qui étaient présents aux portes de la Vieille Ville et aux passages qui mènent au Saint-Sépulcre», écrivent-ils.
«Il n’est pas acceptable, écrivent les chefs des Eglises de Jérusalem que, sous le prétexte de la sécurité et de l’ordre, notre clergé et ses gens soient indistinctement et brutalement frappés et empêchés de pénétrer dans leurs églises, monastères et couvents. Nous appelons les autorités israéliennes en particulier le Ministère de l’Intérieur et le département de la police de Jérusalem, à prendre sérieusement en considération nos plaintes, à assumer leur responsabilité et à condamner tous les actes de violence contre nos fidèles et notre clergé qui ont été maltraités par la police. Nous déplorons que, chaque année, les mesures de police soient de plus en plus sévères. (…) Nous condamnons toutes les mesures de fermeture de la Vieille Ville et demandons aux autorités israéliennes de permettre le plein accès aux lieux saints pendant la Semaine Sainte des deux calendriers religieux». (apic/lpj/be)