Canada: Le cardinal Thomas Collins, archevêque de Toronto, dénonce le jeu et le casino
Ne pas devenir esclaves de l’appât du gain et du jeu facile
Toronto, 6 mai 2013 (Apic) Craignant la destruction des familles, le cardinal Thomas Collins, archevêque de Toronto, capitale économique du Canada, dénonce le jeu et le casino qui engendrent la dépendance. Dans une lettre pastorale adressée aux 1,8 million de fidèles de son archidiocèse, le cardinal Collins relève que l’installation d’un nouveau grand casino en ville aura un impact social négatif qui l’emporte sur les avantages. Cela aura «un effet négatif sur la vitalité et la santé sociale de la communauté».
La lettre ne mâche pas ses mots et se base sur sa longue expérience. Le cardinal Collins y évoque le spectre de la destruction des familles, mettant l’accent sur «la souffrance douloureuse vécue par les individus et les familles en raison de la dépendance au jeu». Il se dit particulièrement inquiet pour les familles qui seront, selon lui, «blessées ou même détruites par une plus grande facilité d’accès au jeu».
Menaces sur les familles
Il souligne au passage le travail qui s’opère dans les paroisses. «Dans nos paroisses, nous cherchons à renforcer les familles, et nous traitons directement avec les souffrances que la dépendance au jeu entraîne pour les individus et les familles. Nous cherchons à guérir». Il se dit très préoccupé par l’expansion de ce phénomène.
Plusieurs lieux proposés par le gouvernement pour implanter de nouveaux casinos se trouvent non seulement dans la ville reine, mais également en périphérie. Même l’argumentaire économique de la création d’emplois et d’un tourisme accru dans ces nouveaux points de jeux ne trouve pas grâce aux yeux de Mgr Collins. «Cette approche est à courte vue», considère-t-il, invitant à examiner les effets globaux de l’expansion des jeux de hasard.
Morale catholique
Mgr Collins prend soin, toutefois, de ne pas totalement «démoniser» le jeu de hasard, rappelant que le catéchisme de l’Eglise catholique ne condamne pas totalement le jeu géré par un Etat. Il estime que cela devient «moralement inacceptable» lorsque ces activités privent les gens de ce qui est nécessaire pour assurer leurs besoins et ceux des autres. Le Catéchisme de l’Eglise catholique note également la puissance du jeu pour «asservir».
On y rappelle que les «particuliers, les pouvoirs publics et les organismes de bienfaisance peuvent ainsi devenir esclaves de l’appât du gain et du jeu facile: ce n’est clairement pas sain», évalue l’archevêque.
Pour les gouvernements, estime encore Mgr Collins, ce moyen fournit une solution rapide aux problèmes financiers auxquels ils sont confrontés. Mais il estime que cela représente une «illusion cruelle, et il n’est pas sain pour les gouvernements d’en faire la promotion», notamment à travers une vaste campagne publicitaire, parce qu’elle est particulièrement attrayante pour les plus vulnérables et les plus désespérés.
L’Eglise aux prises avec le jeu ?
Après avoir interpellé les gouvernements, l’archevêque propose à ses fidèles de «s’examiner attentivement», afin de savoir s’ils sont aussi pris dans une dépendance malsaine au jeu qui peut nuire à autrui. Il invite à prendre les mesures dès que possible, si les fidèles, en tant que communautés chrétiennes, sont «engagés dans une forme de jeu qui est susceptible de causer un préjudice», affirmant qu’il ne faut pas financer les «bonnes œuvres de manière à causer des souffrances aux autres». (apic/rvm/be)