Rome: Que se passe-t-il durant la vacance du Siège apostolique ?
Toutes les charges suspendues jusqu’à l’élection du prochain pape
Rome, 28 février 2013 (Apic) Le 28 février 2013 à 20 heures, l’Eglise catholique se retrouvera sans pape. C’est la période de la «Sede vacante» (siège vacant). Le conclave pour l’élection du nouveau souverain pontife devra alors être convoqué. Dès l’ouverture de la période de «Sede vacante», toutes les charges sont suspendues, sauf celles de certains personnages-clés chargés d’assurer les affaires courantes du Saint-Siège jusqu’à la fin du conclave.
Dès le 28 février au soir, le secrétaire d’Etat du Saint-Siège et les chefs de dicastères cesseront leurs fonctions. Certaines figures sont toutefois maintenues dans leur charge : le camerlingue, actuellement le cardinal Tarcisio Bertone, le Grand pénitencier, le cardinal Manuel Monteiro de Castro, le cardinal Vicaire général pour le diocèse de Rome, Agostino Vallini, le cardinal archiprêtre de la basilique Saint-Pierre et Vicaire général pour la Cité du Vatican, Angelo Comastri, le substitut de la Secrétairerie d’Etat, Mgr Giovanni Angelo Becciu, le secrétaire pour les relations avec les Etats, Mgr Dominique Mamberti, et les représentants pontificaux en mission. Le tribunal suprême de la Signature apostolique, et le tribunal de la Rote romaine poursuivent eux aussi leurs activités.
Le rôle du camerlingue
Pendant la vacance du Siège apostolique, les pouvoirs sont concentrés entre les mains du camerlingue, le cardinal Tarcisio Bertone, jusqu’à l’élection du nouveau pape. Il est assisté dans cette tâche par trois cardinaux, tirés au sort tous les trois jours et représentant chacun l’un des trois ordres cardinalices : l’ordre des cardinaux-évêques, l’ordre des cardinaux-prêtres et l’ordre des cardinaux-diacres. Ils constituent la Congrégation particulière chargée de veiller à obtenir le vote du Collège des cardinaux pour les questions les plus importantes. Le camerlingue doit aussi veiller à l’administration des biens et des droits temporels du Saint-Siège.
Le mot camerlingue vient de l’italien camerlingo (camérier ou chambellan), soit celui qui est à la tête de la ’chambre’ apostolique. Les prérogatives du camerlingue, désigné par le pape, sont très anciennes. Ses fonctions avaient déjà été précisées dans la Constitution apostolique de 1945 «Vacantis Apostolicae Sedis» (sur la vacance du Siège apostolique), elles ont été précisées à nouveau dans la Constitution apostolique de 1996 «Universi dominici gregis».
D’ordinaire, lorsque le siège vacant est lié au décès du pape, c’est le camerlingue qui doit constater officiellement la mort du pontife puis qui fait apposer les scellés sur ses appartements privés (bureau et chambre). Il s’assure également que le personnel qui y réside y demeure jusqu’à la sépulture. Après la sépulture, les scellés sont posés sur l’ensemble des appartements pontificaux. Le camerlingue prend officiellement possession du palais apostolique et prend les dispositions pour la conservation du corps du pape défunt.
Le préfet de la Maison pontificale doit normalement remettre au camerlingue l’anneau du pêcheur, signe pétrinien par excellence. Un cérémoniaire brise l’anneau du pape défunt dès la première réunion de cardinaux.
Dans le cas présent, le préfet étant Mgr Georg Gänswein, qui reste également le secrétaire particulier de Benoît XVI, le déroulement précis de la procédure reste encore incertain. En effet, le prélat allemand accompagnera le pape à Castel Gandolfo dès le 28 février en fin d’après-midi.
Le camerlingue procède personnellement à la vérification et à la fermeture du conclave, dont il détient une des clefs, veillant aussi au respect du secret. Après la désignation du nouveau pape, c’est lui qui passe le nouvel anneau du pêcheur au doigt de l’élu, et le conduit à ses appartements dont il lui remet les clefs. Les fonctions du camerlingue s’achèvent à la prise de pouvoir du nouveau pape.
Le rôle du doyen
Dès la vacance du Siège apostolique, le rôle du doyen du collège cardinalice, le cardinal Angelo Sodano, est de convoquer les cardinaux pour le début des Congrégations générales. Tous peuvent y participer, y compris les cardinaux non électeurs, âgés de plus de 80 ans. C’est également le cardinal doyen qui présidera la messe d’entrée en conclave.
Si c’est le doyen du sacré collège qui doit théoriquement présider le conclave, cela ne sera pas le cas cette fois-ci, le cardinal Angelo Sodano ayant dépassé 80 ans. Ce ne sera pas non plus le cardinal français Roger Etchegaray, vice-doyen, du fait de son âge avancé. Dès lors, cette prérogative incombera au cardinal italien Giovanni Battista Re, troisième dans l’ordre des cardinaux-évêques.
De fait, c’est le cardinal Giovanni Battista Re qui devra demander au cardinal élu par ses pairs s’il accepte son élection, et le nom qu’il choisit.
Les Congrégations générales
Le pouvoir de gouvernement du collège des cardinaux, réuni en Congrégations générales probablement à compter du 4 mars, est limité aux questions courantes et urgentes, comme les préparatifs de l’élection du nouveau souverain pontife. Les cardinaux nomment notamment deux ecclésiastiques qui seront chargés de rédiger et de lire deux méditations. L’une est lue avant le conclave, à une date fixée par les cardinaux, l’autre l’est au tout début du conclave, avant que les portes de la Chapelle Sixtine ne se referment.
Les Congrégations générales ont surtout pour but de faire émerger le profil du nouveau souverain pontife, d’analyser la situation de l’Eglise dans le monde et d’en identifier les défis. Les cardinaux de tous âges peuvent librement y discuter entre eux de certains noms.
Les symboles de la vacance
Le premier signe visible de la vacance du siège sera, le 28 février à 20h, le départ de la Garde suisse pontificale du Palais de Castel Gandolfo. Les quatre hommes de la garde devraient alors fermer derrière eux la lourde porte du palais où se sera retiré Benoît XVI, désormais «pape émérite». Au Vatican, la Porte de bronze qui symbolise l’entrée du Palais apostolique sera à moitié fermée durant toute la «Sede vacante».
Dès lors, le symbole de la vacance du Siège apostolique entrera en vigueur. Il s’agit de l’ombrellino, une petite ombrelle accompagnée des clefs de saint Pierre, emblème de l’Eglise catholique, qui symbolisent à la fois l’absence de pape et la gouvernance assurée par le cardinal camerlingue sur la vie temporelle du Saint-Siège.
Ce symbole sera notamment frappé sur la monnaie de la «Sede vacante», et sur les timbres qui seront diffusés pour l’occasion, même beaucoup plus tard. Il devrait aussi apparaître dès le 28 février au soir sur le site Internet du Vatican. (apic/imedia/ami/mm/rz)