Suisse : Pas de mot d’ordre des Eglises pour l’initiative contre les rémunérations abusives
L’équité et le juste partage exigent plus
Fribourg, 20 février 2013 (Apic) La Conférence des évêques suisses ne prendra pas position sur l’initiative «Minder» contre les rémunérations abusives soumise au peuple suisse le 3 mars, a indiqué à l’Apic le porte-parole de la CES, Walter Muller. De son côté, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) avait déjà indiqué ne pas soutenir l’initiative, ni son contre-projet.
Le débat sur les rémunérations abusives a rebondi ces derniers jours avec l’annonce de la prime de 72 millions accordée au président du Conseil d’administration de Novartis Daniel Vasella. Sous la pression publique, médiatique et politique, ce dernier y a finalement renoncé le 19 février, mais l’affaire a jeté une lumière crue sur les pratiques en cours dans les grandes entreprises multinationales.
Daniel Vasella reste dans le conseil consultatif de Mgr Werlen
Pour l’abbé d’Einsiedeln, ce geste de renoncement devrait instaurer le respect. Mgr Martin Werlen a précisé en outre à l’Apic que Daniel Vasella restait membre de son conseil consultatif, un petit groupe de personnes dont s’est entouré l’Abbé afin de donner des impulsions sur des thèmes concernant la vie du monastère.
La Conférence des évêques suisses ne prend formellement position que lorsque des initiatives ou des lois touchent à des questions fondamentales, a expliqué Walter Muller. L’initiative contre les rémunérations abusives concerne de fait le droit des entreprises et les statuts des sociétés anonymes.
Le porte-parole de la CES renvoie néanmoins au message du 1er août 2012 de Mgr Markus Büchel au nom des évêques suisses. L’évêque de St-Gall y rappelait notamment le sens d’une approche chrétienne de l’argent en vue d’une juste répartition des biens. Il y relevait aussi que la confiance envers l’économie financière était fortement ébranlée.
Walter Muller a souligné enfin que des prises de position sur de tels objets étaient «un devoir typique des laïcs».
Pas de soutien non plus de la FEPS
«Les chrétiens réformés sont opposés aux rémunérations abusives et à la création démesurée et injustifiée d’avantages financiers», avait indiqué le 7 février 2013 la Fédération des Eglises protestantes de Suisse. La FEPS ne se déclarait pourtant satisfaite ni de l’initiative populaire Minder contre les rémunérations abusives, ni de son contre-projet.
L’initiative elle-même contient des préoccupations éthiques essentielles, admet la FEPS. «Mais du fait de ses nombreuses dispositions détaillées, elle ne crée pas davantage de liberté ni de justice sociale». Considérer que le problème réside uniquement dans la cupidité de l’individu est en outre «trop simpliste», affirme la Fédération des Eglises. «Il faut un juste partage des revenus, des ressources et de la richesse en général». Mais l’équité du partage ne semble être un but ni pour l’initiative ni pour le contre-projet indirect, déplorait la FEPS. (apic/mp)