Stop à l’accaparement des terres!

Suisse: Lancement de la campagne de carême 2013 «Sans terre, pas de pain»

Lausanne, 16 février 2013 (Apic) La campagne œcuménique de carême a débuté le 13 février, «Mercredi des Cendres», pour s’achever le jour de Pâques, dimanche 31 mars prochain. Lancée par Action de Carême, Pain pour le prochain et Etre partenaires, elle a cette année pour thème «Sans terre, pas de pain», et pour slogan «Stop à l’accaparement des terres!»

Des investisseurs étrangers privent toujours plus les populations locales de pays en développement des terres les plus fertiles, note Action de Carême. Cet accaparement de terres provoque des expulsions et altère la sécurité alimentaire de nombreuses personnes. L’accès à la terre est décisif pour que les populations locales puissent s’assurer une alimentation en suffisance.

Cette année, la possession de la terre est au centre de la campagne des trois organisations chrétiennes, qui passent à la loupe le phénomène de l’acquisition de terres et ses conséquences.

«Bien qu’il soit la plupart du temps légalisé et qu’il s’effectue contre paiement, il s’agit là à vrai dire d’un véritable accaparement. Les populations locales se font dérober, au sens littéral du terme, la terre sous leurs pieds. Avec, pour conséquence, leur expulsion et la perte de leurs moyens de subsistance», soulignent les œuvres d’entraide suisses. Qui rappellent que seule l’agriculture vivrière peut nourrir la population de la terre, car les petites exploitations familiales produisent la majorité des aliments sur le plan mondial. Elles sont de plus davantage productives que les grandes entreprises agro-industrielles.

Avant tout pour satisfaire les besoins étrangers

Depuis des années, des entreprises privées ou étatiques raflent des terres agricoles dans les régions les plus pauvres du monde. A l’exemple de l’Afrique, où les terres arables, objets de spéculation et biens d’investissement pour les entreprises occidentales implantées sur le continent, sont également dans le collimateur de fonds spéculatifs ou de sociétés venues de Chine, d’Asie de l’Est, voire de riches pays arabes.

Au total, ce sont plus de 200 millions d’hectares menacés d’accaparement. «Si tous les projets en cours se réalisent effectivement, c’est une superficie équivalant à 50 fois la Suisse que les populations locales du monde entier perdraient pour assurer leur alimentation», dénonce la campagne œcuménique.

Ces terres sont destinées à la plantation de maïs et de soja pour la production industrielle de viande et d’agro-carburants. Une production destinée à couvrir les besoins étrangers. De cette manière, les populations locales perdent leurs moyens de subsistance. Par ailleurs, peu de personnes trouvent du travail dans ces plantations. L’agro-industrie est rarement synonyme de création d’emplois à long terme. «Et même si un bail ou un prix de vente est payé pour l’utilisation du sol, cet argent va souvent directement dans les poches de politiciens corrompus ou de gros propriétaires terriens puissants», constate Beat Dietschy, secrétaire général de Pain pour le prochain (PPP).

Les habitudes de consommation en Suisse en question

La campagne œcuménique passe également sous la loupe le rapport entre l’accaparement des terres et les habitudes de consommation en Suisse. Le calendrier de carême entièrement relooké propose des suggestions et des idées pour vivre autrement.

Pour Antonio Hautle, directeur d’Action de Carême (AdC), la campagne œcuménique est un signe d’espoir dans le contexte actuel. «Elle est un exemple d’une Eglise vivante et d’un engagement social qui trouve ses racines dans les valeurs chrétiennes».

Cet engagement se concrétise par plusieurs actions. Durant le temps de la campagne, des centaines de boulangeries vendront dans toute la Suisse le «pain du partage», un pain spécial dont 50 centimes reviennent à des projets de développement. Nombreuses sont les paroisses qui organisent des «soupes de carême», moments de convivialité et de partage. Le samedi 9 mars 2013, à l’occasion de la «Journée des roses», des bénévoles de toute la Suisse vendront 160’000 roses frappées du label Max Havelaar. (apic/com/be)

16 février 2013 | 11:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
suisse (251)
Partagez!