Brésil : Mgr Casaldaliga brave les menaces de mort des grands propriétaires terriens

L’évêque revient dans son diocèse après s’être caché durant un mois

Sao Felix do Araguaia, 8 janvier 2013 (Apic) Durant près d’un mois, il a été maintenu caché dans un lieu tenu secret, accueilli par un ami et protégé par la police. A la veille de la nouvelle année, le 29 décembre dernier, Mgr Pedro Casaldaliga, évêque émérite de Sao Felix do Araguaia, au Brésil, a pu réintégrer sa maison et sa communauté au sein de l’Etat du Mato Grosso, où il vit depuis 1968.

L’évêque avait dû s’éloigner au début du mois de décembre, à cause des menaces reçues de la part de grands propriétaires terriens locaux, auxquels la Cour Suprême avait ordonné la rétrocession de milliers d’hectares aux Indiens de la tribu Xavante. Ces terres étaient en effet occupées illégalement depuis des décennies par des grands propriétaires particulièrement irrités de voir le prélat prendre, envers et contre tout, la défense des Xavante.

Les menaces et intimidations étaient cependant devenues insistantes et dangereuses lors des dernières semaines de novembre. D’après différentes sources, la menace «l’évêque ne verra pas le week-end» aurait même été prononcée lors d’une réunion de fazendeiros (grands propriétaires terriens). C’est donc pour cette raison que le gouvernement fédéral avait pris à l’époque la décision de protéger le religieux âgé de 85 ans, atteint de la maladie de Parkinson, jusqu’à que le calme revienne dans la région.

Un homme perturbé par les menaces

La tension est d’autant plus vive que les grands propriétaires terriens accusent tout simplement l’évêque d’être l’inspirateur de la sentence du Tribunal et d’être responsable de la restitution des terres, situées dans le nord de l’état du Mato Grosso, près de la forêt amazonienne, aux indiens Xavante. A tort, évidemment, puisque la Cour Suprême n’a fait qu’appliquer les textes prévus dans la Constitution brésilienne.

«Pierre va bien, mais il est perturbé avec tout ce qui est arrivé», a expliqué la personne qui l’a accompagné pendant toute la période durant laquelle l’évêque est resté caché selon les souhaits des autorités. De son côté, le Conseil Indigéniste Missionnaire (CIMI) a exprimé sa pleine solidarité à l’égard du prélat qui, «depuis qu’il a posé le pied sur la terre d’Araguaia, travaille à la défense des intérêts des pauvres, des peuples indigènes, des agriculteurs et des travailleurs.»

Déjà menacé de mort pour ses engagements

Pour sa part, la Commission des Droits Humains de l’Assemblée Nationale a présenté une motion d’appui à Mgr Casaldaliga. «Devant les nouvelles menaces liées à son travail courageux de solidarité avec les pauvres indigènes et les travailleurs de la terre», la Commission a exprimé «son plus ferme appui» à l’évêque, «un humaniste qui remplit de fierté le Brésil et tous ceux qui travaillent en faveur des droits humains.»

Les menaces sont loin d’être une nouveauté pour Mgr Casaldaliga qui, Catalan de naissance, est arrivé au Brésil en 1968 comme missionnaire. Il a fait partie de la liste noire de la dictature militaire (1964-1984) et figure depuis longtemps comme un ennemi des grands propriétaires terriens. En 1993, Amnesty International avait même affirmé que les fazendeiros de la région avaient embauché un tueur à gage pour se débarrasser de celui qui, à l’époque déjà, défendait la cause des Xavante. (apic/jcg/bb)

8 janvier 2013 | 09:48
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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