Inde: Le gouvernement fédéral veut faire taire les ONG trop critiques
L’ONG catholique hollandaise ’Cordaid’ dans le collimateur
New Delhi, 30 octobre 2012 (Apic) Après avoir révoqué la licence de 4’300 ONG locales, le gouvernement fédéral indien s’en prend aujourd’hui aux ONG occidentales qui financent des milliers de projets de développement dans le pays. Pour les observateurs, il s’agit de faire taire les voix critiques de la société civile qui s’élèvent sur des questions telles que la torture, la liberté religieuse, la peine de mort, ou les campagnes militaires au Cachemire.
L’arme préférée du gouvernement est la menace d’annuler la licence qui permet aux ONG ou aux groupes religieux, de mener leurs projets grâce aux aides financières étrangères, rapporte, à l’agence missionnaire romaine Fides John Dayal, responsable de la ’All India Catholic Union’ et collaborateur de la Commission ’Justice et Paix’ de la Conférence épiscopale d’Inde.
Les principaux destinataires de donations et de projets de développement gérés par les groupes catholiques et protestants sont les communautés pauvres et marginalisées, les populations tribales et les intouchables ou dalits. Pour mener à bien leurs activités, les ONG locales dépendent des fonds étrangers. Or, indique John Dayal, le gouvernement de l’Union indienne a émis des ordonnances qui, ’de facto’, empêchent le financement provenant de certaines agences européennes et américaines. Les groupes indiens doivent ainsi obtenir une autorisation préalable de la part du Ministère de l’Intérieur. Ce qui complique et retarde fortement les procédures. L’ONG catholique néerlandaise ’Cordaid’ se trouve parmi les organismes dont les contributions sont bloquées.
Selon John Dayal, ’Cordaid’ serait ’coupable’ d’avoir soutenu des ONG militant contre la loi sur les pouvoirs spéciaux des forces armées au Cachemire. Ces mesures seraient aussi des concessions à la droite nationaliste hindouiste qui accuse l’Occident de financer les conversions au christianisme. De son côté, le gouvernement indien se justifie au nom de la transparence et de la sécurité nationale.
Parmi les plus de 2 millions d’ONG indiennes, 38’436 sont enregistrées au niveau fédéral, dont 21’508 reçoivent des contributions de l’étranger. (apic/fides/mp)