Moscou: le monastère de Solovki rendu partiellement à l’Eglise (171290)
Version corrigée
Le premier maillon de l’»Archipel du Goulag»
Moscou, 17décembre(APIC) Une partie du monastère de la Transfiguration
situé sur une île de l’archipel de Solovki, dans la Mer Blanche, au NordOuest de la Russie, a été rendue à l’Eglise orthodoxe russe pour y restaurer la vie monastique. Le produit de la vente en URSS des oeuvres de
l’écrivain Soljénitsyne sera versé pour la reconstruction du monastère,
l’un des premiers maillons de «l’Archipel du Goulag» et où périrent de nombreux prêtres, évêques, moines et moniales qui y furent déportés dès 1918.
Haut lieu de la spiritualité orthodoxe, fondé au XVe siècle, le monastère de Solovki demeure dans la conscience du peuple russe le témoin des pages les plus tragiques de son histoire religieuse, tant au XVIIe siècle
lors du schisme des vieux-croyants, qu’au XXème siècle, quand le régime soviétique y installa un bagne où périrent de nombreux martyrs et confesseurs
de la foi. Cette place spéciale qu’occupe le monastère dans le martyrologe
du XXe siècle avait incité les membres du Concile de l’Eglise orthodoxe
réunis en juin à en demander la restitution dans les délais les plus brefs.
Acceptée au début du mois de septembre par le Comité exécutif de la région d’Arkhangelsk, la réouverture du monastère a été définitivement adoptée par le Saint-Synode de l’Eglise russe lors de sa réunion du 27 octobre
dernier. Quelques moines venus d’Optino et d’autres communautés de Russie
sont dès à présent sur place. Ils ont repris la célébration de l’office et
ont commencé les travaux d’installation. Pour l’instant, seuls une église
et un corps de bâtiment à l’intérieur de l’enceinte du monastère ont été
mis à la disposition de la communauté.
Les autres bâtiments, qui constituent un vaste ensemble architectural
comprenant plusieurs églises dont l’imposante abbatiale de la Transfiguration, seront rendus à leur destination d’origine suivant les besoins de la
communauté et l’état des travaux de restauration. Commencés il y a déjà 25
ans par les autorités civiles qui projetaient alors de transformer le monastère en un complexe touristique, les travaux sont loin d’être achevés.
Les reliques des saints fondateurs du monastère, les moines Germain,
Sabbatius et Zosime, ont également été rendus à l’Eglise. Ces reliques
avaient été confisquées en 1922 et envoyées au Musée de l’histoire de la
religion et de l’athéisme à Léningrad pour y être exposées. Le 16 juin dernier, lors de sa visite pastorale à Léningrad, le patriarche de Moscou Alexis II a reçu solennellement les reliques qui devraient prochainement retrouver leur place d’origine dans les sanctuaires de Solovki.
Cependant on note que la reprise de la vie monastique n’est pas appréciée par l’ensemble de la population de l’archipel. Certains craignent
ainsi que la vie économique de l’île soit à nouveau entièrement contrôlée
par la communauté monastique comme c’était le cas avant la Révolution de
1917. Malgré les propos rassurants des responsables du patriarcat de Moscou, la tension persiste et a même conduit, selon une communication du quotidien soviétique «Izvestia», à un acte de malveillance. Des inconnus auraient mis le feu récemment à la cellule du Père Germain, moine envoyé au
début de cette année pour desservir la communauté paroissiale qui venait de
reprendre ses activités sur l’île.
Nationalisé après la Révolution russe, c’est dès 1918 que le monastère
de la Transfiguration fut transformé en camp de concentration. De nombreux
évêques, prêtre, moines et moniales et des centaines de milliers de laïcs y
furent déportés au cours ds années 20 et 30 et y périrent dans des conditions atroces. L’évocation du monastère de Solovki reste indissociablement
liée dans la mémoire collective du peuple russe à cet «archipel du Goulag»
qui y avait été installé et que l’écrivain Alexandre Soljénitsyne a décrit
dans son célèbre ouvrage paru sous le même nom. L’écrivain, qui vit actuellement en exil, a d’ailleurs annoncé que les produits de la vente de ses
oeuvres – qui commencent à être publiées en URSS- seront versés pour la reconstruction du monastère. (apic/sop/ba)