Inde: La prière dans les habitations est libre et ne doit pas être autorisée, déclare un tribunal

Victoire juridique en demi-teinte pour les chrétiens indiens

Madras, 13 octobre 2012 (Apic) Les assemblées de prière de toute religion se tenant dans des maisons privées sont libres et ne peuvent être interdites. Aucune autorisation est nécessaire de la part des autorités civiles ou de police, a établi fin septembre 2012 la Haute Cour de Madras (Chennai), capitale de l’Etat du Tamil Nadu, au sud de l’Inde.

Le juge de la Haute Cour de Madras, S. Manikumar, a établi que les activités de prière dans des lieux privés ne pouvaient être interrompues par la police ou être soumises à un régime d’autorisation préalable, si elles «ne portent pas atteintes à l’ordre public, ne constituent pas une pollution sonore, ne présentent pas un danger pour la santé ou la moralité publique, ou encore ne violent pas les droits des résidents alentour». Le juge a ajouté que, dans les limites fixées par la loi, les autorités publiques n’avaient pas le droit d’empêcher la prière des fidèles, quelle que soit leur appartenance religieuse. Une telle action de la force publique constituerait une limitation de «la liberté de pratiquer et de professer sa religion», liberté garantie par la Constitution de l’Union indienne, précise «Eglise d’Asie» (EDA), l’agence d’information des missions étrangères de Paris.

Le recours a été présenté par un chrétien du district de Kanyakumari, Colachel. Il avait l’habitude d’organiser des rencontres de prière à son domicile avec d’autres chrétiens pentecôtistes, rapporte l’agence missionnaire Fides le 12 octobre. EDA mentionne le cas du pasteur pentecôtiste S. Suresh Rajan, membre des Assemblées de Dieu, à qui le chef du district de Kanyakumari avait interdit de se réunir hebdomadairement pour prier dans une «salle communautaire» du village de North Kundal.

Confirmation du droit à la liberté de culte

Dans les milieux chrétiens, la décision de justice a été bien accueillie. Le Père Dominic D’Abrio, porte-parole de la Conférence épiscopale de l’Inde (CBCI), a déclaré à Fides: «Cette décision est un bon signe pour les chrétiens et pour tous les croyants qui se voient confirmer leur droit fondamental à la liberté de culte et de religion. Je crois qu’elle pourra être un exemple et un encouragement, aidant les croyants en Inde à se sentir libres de cultiver leur vie spirituelle. Elle constitue également une victoire de l’Etat de droit, attendu que la liberté de culte est expressément protégée par la Constitution. En tant que chrétiens, nous continuerons à réaffirmer l’importance et la valeur fondamentale de la liberté religieuse».

Sur place, les avis sont plus mitigés. Le chef du district de Kanyakumari a maintenu sa décision d’interdire les réunions de prière dans la salle communautaire de North Kundal. A Musore dans l’Etat du Karnataka, quatre agents de police ont interrompu ces derniers jours une rencontre de prière, frappant le pasteur et plaçant sous séquestre les Bibles. Le motif invoqué est le «manque d’autorisation», a indiqué l’Evangelical Fellowship of India à Fides. Aux environs de la ville d’Arasikere, un groupe d’extrémistes hindous a fait irruption dans une habitation, recourant à la violence pour disperser les chrétiens en prière. (apic/fides/eda/pa/ggc)

13 octobre 2012 | 13:52
par webmaster@kath.ch
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