Suisse: Caritas veut plus de ’fair-play’ dans le débat sur l’asile et les réfugiés
La Suisse fait fausse route
Lucerne, 4 septembre 2102 (Apic) Dans le cadre du débat sur la révision de la loi sur l’asile, Caritas Suisse demande plus de «sens des réalités, de mesure et de fair-play». L’œuvre d’entraide catholique est favorable à une procédure rapide pour autant qu’elle soit juste. Une nouvelle orientation est nécessaire estime-t-elle, dans une prise de position publiée le 4 septembre 2012. Il s’agit notamment de lever l’interdiction de travail pour les requérants d’asile.
Pour Caritas Suisse une réorientation de la politique d’asile en Suisse est nécessaire. Les nombreux durcissements de la loi réalisés au cours des 30 dernières années n’ont pas atteint leur but. Caritas se dit soulagée de voir que la Commission des institutions politiques du Conseil des États a apporté quelques corrections aux décisions du Conseil national de juin dernier. La Commission s’est ainsi opposée au projet de n’accorder désormais plus que l’aide d’urgence et non plus l’aide sociale à tous les demandeurs d’asile. Les représentants des cantons et des villes ont fait clairement savoir que ce projet n’était pas réalisable. Il ne résoudrait finalement aucun problème, mais en créerait au contraire de nouveaux.
La politique de dissuasion des 30 dernières années a échoué
Malgré ces corrections, le débat sur l’asile fait fausse route, estime Caritas. Ainsi, la Commission de la chambre haute du parlement prétend donner à l’opinion publique un signal pour montrer que les requérants d’asile ne sont pas privilégiés par rapport aux résidents suisses. Elle se dit ainsi favorable à une aide sociale pour les requérants inférieure à celle accordée aux nationaux. Caritas souligne le fait que c’est déjà le cas aujourd’hui dans la plupart des cantons. La Commission pousse ainsi le reste des cantons à baisser leur aide sociale.
Entrée en vigueur en 1981, la loi sur l’asile a été depuis durcie à dix reprises. Mais aucune de ces révisions n’a permis d’atteindre le but souhaité de faire baisser le nombre de demandes d’asile par un effet dissuasif, relève Caritas.
L’actuelle augmentation du nombre de requérants d’asile est liée à la situation économique qui empire dans le sud et l’est de l’Europe, ainsi qu’aux mouvements liés au printemps arabe, rappelle Caritas Suisse. La révision de la loi va imposer de nouveaux renforcements. Mais comme le montre l’expérience, ce durcissement ne fera pas diminuer le nombre de demandeurs d’asile. En revanche, leur situation sera de plus en plus précaire.
Lever à nouveau l’interdiction de travail
Pour améliorer la situation durablement, les cantons et les communes, aux côtés de la Confédération, doivent prévoir des possibilités d’hébergement adaptées. Il est également capital que l’interdiction initiale de travailler pour les requérants d’asile soit levée. Les requérants d’asile et les réfugiés pourraient ainsi non seulement assurer eux-mêmes leur subsistance, mais être intégrés dans des structures sociales.
Il est important que la procédure d’asile soit plus courte, mais équitable, admet Caritas. Une accélération des procédures est aussi dans l’intérêt des requérants. Car de longues démarches, à l’issue incertaine, représentent un poids énorme pour les personnes concernées. Il est cependant indispensable de garantir le droit de recours.
L’accélération de la procédure exige une augmentation de personnel. La question de l’utilisation adéquate des ressources doit être posée. Pour surmonter les problèmes, il faut les ressources nécessaires en termes de personnel, de finances et d’infrastructures, ainsi que la volonté politique de les résoudre de manière pragmatique. Il est temps de prendre une nouvelle direction, conclut Caritas.
Caritas Suisse : «Le sens des réalités, de la mesure, du fair-play». La prise de position peut être téléchargée sur le site internet : www.caritas.ch/fr/nous-disons/prises-de-position.
(apic/com/mp)
