Morat: La paroisse catholique célèbre les 125 ans de la consécration de son église
En 1530, à Morat, le culte catholique était déclaré illégal
Morat, 23 août 2012 (Apic) La paroisse catholique de Morat va célébrer, le 30 août 2012, les 125 ans de l’église Saint-Maurice, son sanctuaire principal de style néo-gothique. Edifiée en dehors des remparts de la ville, l’église a été consacrée le 30 août 1887, après bien des péripéties qui ont marqué la communauté catholique locale. Le culte catholique fut déclaré illégal en 1530 déjà, suite à l’envoi par Berne du prédicateur Guillaume Farel sur les bords du lac. Si cette situation a perduré jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, l’heure est aujourd’hui à l’œcuménisme, rappelle l’abbé Thomas Perler, curé de la paroisse de Morat.
Le réformateur français parvint à gagner une faible majorité de la population à la Réforme lors d’une votation, en 1530. La religion catholique fut alors éradiquée du baillage commun administré par Berne et Fribourg, qui avaient conquis, avec les Confédérés, ces terres savoyardes suite à leur victoire contre Charles le Téméraire à la bataille de Morat, le 22 juin 1476. La minorité catholique ne fut alors plus autorisée à témoigner de sa foi. S’adapter à la confession dominante ou quitter le Moratois: tel était son choix. Quiconque s’opposait aux ordonnances bernoises était mis à l’amende ou même emprisonné.
Rétablissement de la liberté religieuse suite à l’invasion française
L’invasion française de 1798 entraîna la dissolution du bailliage commun, qui devint le district de Morat au sein du canton helvétique de Sarine et Broye. En 1803, conformément à l’Acte de Médiation, mais contre le gré des Moratois, qui auraient préféré être rattachés à Berne, le territoire fut attribué au canton de Fribourg. C’est alors que la liberté religieuse fut à nouveau garantie et les catholiques de la région recouvrèrent leurs droits.
En vertu de la Constitution fribourgeoise de 1814, la religion catholique était reconnue dans l’ancien baillage: assister à la messe n’était plus prohibé! Jusqu’en 1830, c’était le préfet qui ouvrait la chapelle du château à ses coreligionnaires. A l’arrivée du premier préfet protestant, Johann Friedrich Engelhard, l’accès à la chapelle du château fut interdit aux catholiques, qui durent alors fréquenter la messe à La Brasserie toute proche, l’actuel hôtel Murtenhof, puis au château de Montilier, jusqu’en 1847.
Après la défaite de Fribourg lors de la guerre du Sonderbund et l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement radical, le culte catholique fut relégué à la chapelle du château de Courgevaux, de 1848 à 1857. A la chute du gouvernement radical, le culte catholique retourna à Morat, dans les locaux de La Brasserie, puis à nouveau dans la chapelle du château.
Premier curé de Morat après la Réforme
L’installation du premier curé de Morat par l’évêque diocésain, Mgr Etienne Marilley, eut lieu le 1er avril 1879, dans la chapelle du château. L’abbé Josef Vonlanthen, ne ménagea pas ses forces pour établir une vraie communauté autour de lui. Il dut cependant quitter ses fonctions en 1884, pour des raisons de santé. Mgr Gaspard Mermillod lui désigna sans délai un successeur en la personne du chapelain de Wallenried, Hermann Rösler.
Bilingue, engagé et la foi chevillée au corps, le jeune prêtre avait trouvé un défi à sa mesure: la construction d’une église. Il sillonna la Suisse et l’Allemagne voisine, prêchant et faisant appel à la générosité des fidèles: en peu de temps, il réunit une somme considérable qu’il versa au fonds de construction du futur édifice.
Des quêtes, des legs et une loterie pour financer la nouvelle église
Le fonds créé par la baronne Mathilde Theodora de Graffenried née de Diesbach, de Villars-les-Moines, fut enrichi par les collectes ponctuant les prédications en France et par le gain d’une loterie organisée avec l’aval de Mgr Mermillod ainsi que du gouvernement fribourgeois. Finalement, l’époux de l’initiatrice du projet, le baron Frédéric Prosper de Graffenried arrondit la mise avec un legs.
Les plans du nouveau lieu de culte furent conçus par le grand bâtisseur néo-gothique de Fribourg, Adolphe Fraisse (1835-1900), architecte cantonal en 1873. Si l’église de Châtel-St-Denis est le plus grand des dix sanctuaires qu’il dessina sur le modèle des églises gothiques du 14e siècle, l’église de Morat est parmi les dernières. Comme les autres, elle possède trois nefs mais le clocher qui devait surmonter son entrée ouest ne fut pas réalisé tout de suite, faute de moyens financiers. Morat attendit près de quarante ans son clocher et ses cloches. L’église Saint-Maurice fut érigée entre 1885 et 1887 par l’entrepreneur fribourgeois Antonio Antiglio, originaire de la province de Novara, en Italie du Nord.
Une plaquette commémorative
A l’occasion du jubilé de la consécration de l’église Saint-Maurice, la paroisse de Morat édite une plaquette commémorative rédigée par Peter Huber et Clemens Locher. Ils y retracent l’histoire de la construction de l’église paroissiale et rappellent aussi que cette église est un joyau architectural.
La plaquette résume à grands traits l’histoire de la paroisse et de la construction de l’église. Elle décrit aussi les caractéristiques architecturales et artistiques de l’édifice et relate brièvement l’histoire de l’ancienne école catholique alors voisine de l’église paroissiale. Une série de contributions sont consacrées à quelques aspects actuels de la vie paroissiale ainsi qu’à la collaboration œcuménique à Morat. A la fin de la brochure, Frère Jean-Claude Christe, religieux mariste, qui a été répondant, durant une dizaine d’années, de la partie francophone de la paroisse bilingue de Morat, raconte ses expériences pastorales. La plaquette d’une quarantaine de pages, dont l’impression a été réalisée par l’imprimerie Saint-Paul de Fribourg, est publiée en français et en allemand.
Pour marquer les 125 ans de la consécration de l’église Saint-Maurice le 30 août 1887, deux messes bilingues seront célébrées à Morat: l’une commémorative le 30 août en soirée, l’autre – solennelle – le dimanche matin 2 septembre. Ce même dimanche, la paroisse aura la joie d’installer son nouveau curé, l’abbé Bernard Schubiger. (apic/com/be)