La «loi sur le blasphème», dénoncée comme vague et arbitraire
Genève: Le COE lance le débat sur le sort des minorités religieuses au Pakistan
Genève, 23 août 2012 (Apic) Le Conseil œcuménique des Eglises (COE) lance le débat sur le sort des minorités religieuses au Pakistan. Dans ce pays essentiellement musulman, des chrétiens – y compris des enfants – subissent de plein fouet la «loi sur le blasphème», une loi controversée qui induit la persécution religieuse de ceux qui n’appartiennent pas à la religion majoritaire.
Un débat public international mettant en lumière le sort des minorités religieuses et l’abus de la «loi sur le blasphème» au Pakistan se tiendra du 17 au 19 septembre en marge de la 21e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève. Organisée par la Commission des Eglises pour les affaires internationales (CEAI) du COE, la consultation se tiendra au Centre œcuménique, à Genève, à quelques pas du siège des Nations Unies.
Condamnations à mort et violences de masse
Cet événement s’inscrit dans la lignée des efforts menés par le COE pour manifester son soutien et sa solidarité à l’égard des minorités religieuses du Pakistan, qui sont persécutées au nom d’une loi controversée sur le blasphème. Les cas de blasphème ont entraîné des condamnations à mort et des violences de masse depuis que la loi figure au Code pénal du Pakistan, relève le COE.
Des amendements ont été apportés à la législation sous le régime militaire du général Zia ul-Haq dans les années 1980, à l’instigation des partis islamiques du pays. La «loi sur le blasphème» est régulièrement pointée du doigt, dénoncée comme vague et arbitraire.
Depuis que le Code pénal de ce pays a été amendé en 1986, les minorités religieuses vivent «dans la crainte et la terreur», affirme le COE. En vertu de la «loi sur le blasphème», de fausses accusations ont été lancées contre les minorités religieuses et les chrétiens en particulier (3% de la population) sont devenus la cible de harcèlements et de persécutions. En raison d’une tendance accrue à recourir à cette loi, dont on use souvent pour régler des comptes personnels, les agressions contre les minorités religieuses se sont exacerbées.
L’événement donnera la parole à la communauté internationale, à des représentants de minorités religieuses et d’organisations de la société civile au Pakistan, à des partenaires spécialisés, à des représentants de l’ONU et à des représentants d’organisations de la société civile œuvrant dans le domaine des droits des minorités religieuses au Pakistan.
«Ce débat public vise à élever les discussions au niveau international sur la détérioration de la situation des droits humains des minorités au Pakistan et sur l’abus de la loi sur le blasphème, qui impose la peine de mort à toute personne jugée coupable de blasphème. Nous espérons consolider les initiatives qui ont le plus de répercussions sur le public et le gouvernement en développant les actions œcuméniques de défense des minorités dans le pays», déclare Mathews George Chunakara, directeur de la CEAI.
«Le débat international constituera en outre un forum permettant de discuter des préoccupations des minorités religieuses persécutées afin de faire entendre leurs voix sur la scène internationale et plus particulièrement au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies», a-t-il ajouté.