Syrie: Mise en garde de Mgr Giuseppe Nazzaro, vicaire apostolique d’Alep
Les sanctions et les militants islamistes font plus de morts que le régime
Alep, 8 juin 2012 (Apic) Les sanctions économiques et les actions des militants islamiques extrémistes commencent à faire davantage de morts que les soldats du régime de Bachar Al-Assad, dénonce Mgr Giuseppe Nazzaro. Dans une interview accordée à l’agence de presse catholique AsiaNews à Rome, le vicaire apostolique d’Alep condamne sans ambages le nouveau massacre commis à Mazraat al-Qbeir et Maarzaf, dans la banlieue de Hama.
Ce massacre aurait fait, selon l’opposition, 78 victimes, dont des femmes et des enfants. Il s’agirait, d’après l’agence de presse officielle syrienne SANA, d’un «crime abominable (….) commis de sang froid» par des «groupes terroristes armés» contre des habitants de la localité et ayant coûté la vie à 9 femmes et enfants.
Non à «la mort d’enfants exploitée à des fins politiques et stratégiques»
Mgr Giuseppe Nazzaro s’insurge contre «la mort d’enfants exploitée à des fins politiques et stratégiques», estimant que l’ONU, avant de condamner quiconque, a le devoir moral de vérifier le contexte de cette tuerie, d’en rechercher les auteurs et de connaître les motivations de ces odieux massacres et qui se cache derrière.
A l’heure actuelle, écrit l’agence de presse catholique AsiaNews, aucun organisme indépendant n’a pu vérifier l’authenticité des films montrés sur internet, la dynamique de ces massacres et l’identité de leurs auteurs.
L’évêque italien en poste à Alep, ville du Nord-Ouest du pays, cite également le massacre de Houla le 26 mai dernier, qui a également coûté la vie à des femmes et des enfants. Il note que ce sont des soldats qui ont tiré de façon délibérée contre des enfants réfugiés à l’intérieur d’une école. «Un tel fait est un crime, mais qui a permis que ces innocents soient tués? Où étaient les adultes, qui juste après se sont dépêchés de filmer et d’exposer les corps, mettant aussitôt les vidéos sur internet ?»
L’évêque catholique relève que les effets induits par le massacre de Houla sont été dévastateurs pour le peuple syrien. Ce dernier subit également les actions sanglantes d’extrémistes islamiques infiltrés dans le pays, n’a pas de voix dans les médias et est toujours plus isolé. «L’ONU et les pays occidentaux, affirme-t-il, ne se rendent pas compte qu’avec leurs sanctions et leur appui aux rebelles, ils font plus de victimes que n’en fait le régime».
Le double standard des régimes occidentaux
Mgr Nazzaro considère que l’on assiste à une véritable campagne pour détruire la Syrie: «L’acharnement contre le régime de Bachar al-Assad alimente la spirale de la violence et empêche que la population et le gouvernement trouvent la possibilité d’une ouverture graduelle vers la démocratie et les réformes».
A l’instar de ce qui s’est passé en Irak et en Libye, les droits humains sont exploités à des fins économiques et de pouvoir, pas toujours pour le bien de la population, déplore le prélat franciscain. «Ceux qui désirent détruire Assad – le Qatar et l’Arabie Saoudite, ainsi que les autres Etats du Golfe – dirigent leur propre pays avec une main de fer sans aucun respect pour les droits de l’homme et la liberté religieuse. Pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, personne n’a jamais condamné les violences contre les chiites au Bahreïn ou les arrestations et les condamnations infligées aux migrants de confession chrétienne en Arabie Saoudite et au Koweït ?». (apic/asian/be)