Ile Maurice: Le gouvernement adopte un projet de loi sur l’avortement sous condition

Les Eglises sont opposées, les autres religions approuvent

Port-Louis, 10 mai 2012 (Apic) Les représentants des religions hindoue, musulmane, et baha’ie au Conseil des religions de l’Île Maurice, dans l’océan indien, se sont prononcés, mercredi 9 mai 2012 , en faveur de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), dans certains cas spécifiques. Ils ont cependant précisé que l’avortement ne doit pas pour autant être banalisé, rapporte le quotidien mauricien, «L’Express». Les Eglises chrétiennes prônent de leur côté le rejet de la loi.

Le gouvernement mauricien a adopté le 4 mai, un projet de loi autorisant l’IVG dans quatre cas suivants : si cette grossesse comporte des risques pour la vie de la femme enceinte ; si la poursuite de cette grossesse pourrait avoir des conséquence graves et permanentes sur la santé physique ou mentale de la femme concernée; en cas de malformation du fœtus et enfin si la grossesse est la conséquence d’une agression sexuelle, de relations sexuelles avec mineure de moins de 16 ans ou d’un inceste.

L’Eglise catholique et le diocèse anglican sont opposés au projet de loi. L’archevêque de Port-Louis, Mgr Maurice Piat, et l’évêque anglican de l’Île Maurice, Mgr Ian Ernest, ont lancé un appel à la conscience des membres du gouvernement et des députés. Les deux responsables proposent au gouvernement et au parlement, de mettre de côté le projet de loi. C’est «la meilleure solution».

L’avortement ne respecte pas la dignité de la femme

Dans une lettre ouverte adressée aux ministres et députés, remise aux journalistes, lors d’une conférence de presse commune, les évêques invitent les autorités politiques du pays «à ne pas céder aux diktats des Nations Unies». Pour Mgr Piat, le gouvernement a raison de se préoccuper de la détresse des femmes qui vivent une grossesse non-désirée, «mais leur proposer l’avortement comme solution ne respecte pas leur dignité de femme».

Pour les Eglises, même si une vie a été conçue dans des circonstances difficiles ou offensantes pour une femme, elle demeure néanmoins une vie humaine. «Nous avons le devoir de soutenir les femmes dans ces situations et de leur donner les moyens d’assumer leur responsabilité avec dignité», a affirmé Mgr Piat.

Dans le cas de relations sexuelles avec mineure de moins de 16 ans aboutissant à une conception, Mgr Piat et Mgr Ernest relevent qu’avec le projet de loi, l’avortement deviendrait un moyen de contraception. «Cela banalise l’élimination d’une vie. Et une telle pratique aura de graves répercussions».

L’IVG comme solution ultime

Quelques heures après la prise de position des évêques, le secrétaire du Conseil des religions, Abdool Majeed Korumtollee, a déclaré que le Conseil était d’accord avec l’IVG, dans certains cas spécifiques. Il s’exprimait sur la question, en l’absence du président du Conseil, le Père Philippe Goupille, en mission à Rome.

«Nous ne voulons cependant pas banaliser ce débat. Mais nous sommes d’avis qu’une femme peut avoir recours à l’IVG dans certains cas. Lorsque l’IVG se trouve être la solution ultime pour sauver la vie de la mère, alors là nous sommes d’accord». Il a cependant prévenu que toute personne souhaitant avoir recours à cette pratique doit apporter des preuves tangibles. Lorsqu’une femme prétend être malade, elle devra présenter des certificats médicaux, ou lorsqu’elle dit vouloir interrompre sa grossesse en raison d’un viol, «il faut aussi être convaincu de l’authenticité de ce cas», a-t-il souligné. (apic/ibc/mp)

10 mai 2012 | 16:40
par webmaster@kath.ch
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