Suisse: Nouvelle étape dans la querelle des crucifix dans les lieux publics
Le Conseil national pour la protection des symboles chrétiens
Berne, 6 mars 2012 (Apic) La présence dans l’espace public des symboles de l’Occident chrétien, tel que le crucifix, devrait être garantie dans la Constitution fédérale. Par 87 voix contre 75, et 8 abstentions, le Conseil national a donné suite le 5 mars 2012 à une initiative parlementaire d’Ida Glanzmann (PDC/LU). La Commission des institutions politiques du Conseil national avait recommandé en novembre dernier de rejeter ce projet.
Selon la conseillère nationale démocrate-chrétienne lucernoise, il s’agit d’empêcher que des particuliers ou des groupes d’intérêt prennent prétexte de droits fondamentaux tels que la liberté de conscience et de croyance pour remettre en cause la culture chrétienne de la Suisse. L’inscription dans la Constitution permettrait d’éviter de laisser le soin aux juges de trancher la question de la présence de crucifix dans des salles de classe ou de tribunal.
La minorité du Parlement a au contraire fait valoir qu’accorder ainsi une place privilégiée au christianisme pourrait mettre en péril la paix religieuse, alors qu’aucune menace sérieuse ne pèse sur les symboles chrétiens. Selon elle, la neutralité religieuse de l’Etat suffit comme condition à une coexistence pacifique des religions et des croyances. En outre la réglementation des rapports entre les religions et l’Etat est de la compétence des cantons.
Cette acceptation par la chambre du peuple national ne signifie pas que le débat soit clos. Pour que l’initiative parlementaire puisse poursuivre son chemin elle doit également être approuvée par le Conseil des Etats. Or la commission de la Chambre haute du parlement propose de la rejeter par 8 voix contre 3.
Des affaires concernant la présence notamment de crucifix dans des lieux publics ont régulièrement éclatées depuis plus d’une vingtaine d’années en Suisse, notamment au Tessin, en Valais, à Lucerne ou à Fribourg. Dans plusieurs cas, les opposants aux crucifix étaient des membres actifs de l’association des libres-penseurs. Après de longues polémiques devant les tribunaux, on a le plus souvent considéré que la présence de crucifix ou non relevait de la décision des autorités locales. (apic/ag/mp)