Fribourg: 1ère conférence publique de Mgr Charles Morerod à l’Université
Points communs et différences dans le dialogue interchrétien et le dialogue interreligieux
Fribourg, 1er mars 2012 (Apic) Pour sa première conférence publique à l’Université de Fribourg depuis son installation à la tête du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), Mgr Charles Morerod a fait salle comble mercredi 29 février 2012. Le public était venu en si grand nombre pour entendre le nouvel évêque sur le thème du dialogue interchrétien et du dialogue interreligieux, qu’il a fallu squatter l’auditoire C.
«C’est une véritable joie d’accueillir Frère Charles dans notre Université… C’est une invitation à la fois académique et amicale. Bienvenu chez toi!», a lancé d’emblée le Père dominicain Guido Vergauwen, recteur de l’Université de Fribourg. Et de rappeler que Mgr Morerod était accueilli dans l’institution où il avait fait ses études et obtenu son doctorat en théologie, où il avait également travaillé comme assistant en théologie et comme aumônier des étudiants. Pour devenir par la suite recteur de l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin (Angelicum), à Rome, et secrétaire de la Commission théologique internationale.
L’élan de l’œcuménisme est irréversible
Le public massé dans l’auditoire, visiblement heureux d’entendre Mgr Morerod parler de deux de ses sujets d’étude et d’engagement, l’oecuménisme et le dialogue interreligieux, a pu goûter les traits d’humour de l’orateur, ce dernier se gaussant «d’une grande première», donner une conférence un 29 février. Plus sérieusement, il souligne le grand élan dans le dialogue oecuménique et dans le dialogue interreligieux suscité par le Concile Vatican II, dont on célébrera le 50e anniversaire de l’ouverture en octobre prochain. «Un tel élan est irréversible», comme l’a souligné le pape Benoît XVI.
Tout de suite, Mgr Morerod met en garde contre la tentation de ne plus faire la distinction entre deux sortes de dialogues, le dialogue œcuménique, exclusivement entre les diverses communautés chrétiennes qui considèrent Jésus comme Seigneur et Sauveur, et le dialogue avec les autres religions. Pas question, donc, d’estomper les différences.
Toutes les religions ne s’équivalent pas
Reconnaissant les valeurs existant dans toutes les religions, Mgr Morerod relève que si l’Eglise catholique les respecte, elle ne renonce pas pour autant à sa mission d’annoncer le Christ. Il cite alors le cri de Saint Paul dans l’Epître aux Corinthiens: «Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile».
Rappelant la déclaration «Nostra Aetate» de Vatican II (1965), l’évêque souligne que l’Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans les religions non chrétiennes. «Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la Vérité qui illumine tous les hommes».
Mais il est clair, au-delà de la reconnaissance de l’existence d’un sens religieux dans toutes les religions et du respect qui leur est dû, toutes ne s’équivalent pas, insiste Mgr Morerod.
Dans le dialogue œcuménique, l’Eglise catholique reste persuadée de la vérité de sa foi. Elle a gardé dans toute son histoire, malgré les péchés de ses membres, la plénitude des moyens de salut que le Christ lui a confiés, comme le rappelle l’encyclique du pape Jean Paul II «Ut unum sint». Mais elle cherche ce qu’il y a de vrai dans les autres religions chrétiennes.
Pour le nouvel évêque de LGF, une certaine manière de dire que l’on respecte toutes les religions, dans une attitude relativiste, n’est pas, au fond, une authentique attitude de respect. Et de citer une phrase du cardinal Joseph Ratzinger: «Ce n’est pas en renonçant à la vérité que la rencontre des religions sera possible, mais en s’engageant plus profondément en elle. Le scepticisme ne rassemble pas, pas plus que le simple pragmatisme. Renoncer à la vérité et à ses convictions n’élève pas l’homme». JB
Encadré
Le recteur Guido Vergauwen a souligné qu’une invitation plus solennelle a été adressée à Mgr Morerod, pour le Dies academicus de l’Université, le 15 novembre prochain. Doyen de la Faculté de théologie, le professeur Mariano Delgado a remis en guise de cadeau au nouvel évêque de LGF une série de bandes dessinées en langue espagnole sur des thèmes religieux et ecclésiaux. (apic/be)