Syrie: La peur des chrétiens face au changement est justifiée, estime le jésuite Samir Khalil

Un régime islamiste en Syrie sera un danger pour les chrétiens

Rome, 17 février 2012 (Apic) La peur des chrétiens de Syrie face au changement de régime à Damas est justifiée, estime le Père Samir Khalil Samir. Mais le religieux jésuite égyptien a déclaré sur les ondes de Radio Vatican que les chrétiens ne soutiennent pas pour autant le président Bachar al-Assad. «Ils craignent tout simplement l’imposition d’un nouveau système, et des deux maux, ils préfèrent celui qu’ils connaissent», insiste-t-il

Spécialiste de l’islam, professeur d’histoire de culture arabe et d’islamologie à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, le Père Samir Khalil Samir espère que les chrétiens syriens ne subiront pas le sort des chrétiens irakiens, qui ont dû fuir en masse après la chute de Saddam Hussein et les troubles intercommunautaires qui ont suivi.

Il ne fait aucun doute pour le jésuite égyptien qu’un régime islamiste en Syrie représentera un danger pour les chrétiens, car il sera certainement moins neutre que le régime en place. Ce qui se passe en Egypte, laisse-t-il entendre, va se répéter également dans les autres pays de la région.

Les chrétiens vivaient dans une certaine tranquillité

Pour les chrétiens, pour peu qu’ils ne se mêlaient pas de politique, le régime syrien représentait une certaine tranquillité. Les chrétiens se sont comportés sans faire trop de bruit, bien que cette politique fût violente et non démocratique.

Les chrétiens en Syrie étaient et sont un élément de stabilité et ils apportent une contribution économique et aussi politique, poursuit-il. Au-delà de leur proportion – ils représentent le 10% de la population syrienne – ils ont un poids certainement plus grand que leur nombre.

Partir serait une perte non seulement pour les chrétiens, mais également pour la nation: «pour autant que cela soit possible, nous, les chrétiens, avons le devoir de rester tant que l’on peut. L’exil des chrétiens serait catastrophique pour tout le Moyen Orient: désormais, en Palestine, les chrétiens qui sont partis ne reviennent plus; en Irak, c’est la même chose; en Jordanie, les chrétiens sont très peu nombreux…»

Une situation humainement insupportable

Après le Liban, c’est la Syrie qui pouvait donner de la force aux chrétiens de toute cette zone allant de l’Irak à la Palestine, souligne le Père Samir Khalil Samir. Mais maintenant, sur le terrain, la situation empire tous les jours davantage. Le jésuite cite une lettre de ses confrères arrivée ces jours derniers de Homs relatant qu’une grande partie de la population ne trouve plus à manger ou a peur de sortir pour acheter de la nourriture, parce qu’elle risque tout simplement sa vie.

«Il y a des snipers partout, des deux côtés, n’importe qui peut mourir, c’est une situation humainement insupportable! Maintenant, avant tout dans la ville de Homs, mais aussi dans diverses autres localités de la Syrie, la guerre s’est généralisée: nous arrivons au stade de la guerre civile». Le Père jésuite relève que ceux qui peuvent fuir le font, car rester dans les points chauds signifie risquer la mort et, sans s’en apercevoir, le pas le plus banal peut être le dernier. «Pour l’éviter, les gens se protègent comme ils peuvent, mais même les maisons ne sont pas sûres. Se protéger veut dire ne pas sortir, mais cela veut aussi dire souffrir de la faim. Tout est devenu précaire!»

Pour Samir Khalil Samir, le problème est que maintenant, la violence se trouve des deux côtés, même si la violence venant du côté du gouvernement est naturellement plus forte. «Mais l’opposition aussi devient violente, parce qu’elle doit se défendre et aussi parce qu’elle reçoit des armes, comme ils disent, du Qatar et des pays du Golfe. Nous avons maintenant une situation bloquée: chacun veut être le plus fort, ce qui signifie toujours plus d’armes et toujours plus de morts. Nous devons stopper cela!» (apic/rv/be)

17 février 2012 | 18:02
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Syrie (437)
Partagez!