Egypte: Nouvelle attaque contre les chrétiens coptes par une foule de salafistes
Les chrétiens d’Egypte sont dans le collimateur des islamistes
Le Caire, 15 février 2012 (Apic) Une foule de plusieurs milliers de musulmans radicaux, dont de nombreux salafistes, a attaqué mardi 14 février l’église copte de Sainte-Marie et Saint Abraham du village de Meet Bashar, dans la province de Sharqia, à environ 50 km au Nord-Est du Caire. Les émeutiers ont brûlé la maison du curé de la paroisse ainsi que plusieurs bâtiments et des autos appartenant à la communauté copte, annonce l’agence de presse catholique AsiaNews à Rome.
Depuis le 12 février dernier, cette zone est le théâtre d’affrontements opposant les extrémistes musulmans aux chrétiens locaux. Le calme est revenu ce mercredi 15 février uniquement grâce à l’intervention de la police et à la médiation de plusieurs responsables du parti «Justice et Liberté», affilié à la confrérie des Frères Musulmans. Ils ont réussi à convaincre les salafistes de quitter le village. Les émeutiers réclamaient la mise à mort du Père Guirgis Gamil, curé de la paroisse. Près de 100 Coptes terrorisés ont cherché refuge à l’intérieur de l’église, tandis que les émeutiers musulmans jetaient des pierres pour tenter de pénétrer dans l’église.
Un cas de conversion met le feu aux poudres
La cause de ces violences est la disparition le 12 février dernier de Rania Khalil Ibrahim, une chrétienne âgée de 14 ans, qui s’était «convertie» à l’islam après la conversion de son père qui en avait la garde. Elle aurait quitté le domicile de son père après qu’il ait tenté d’arranger un mariage pour elle avec un musulman. Son père s’est rendu au poste de police et a accusé le curé d’être derrière sa disparition, en affirmant que la jeune Rania était allée vivre avec sa mère copte.
La jeune chrétienne a été retrouvée mercredi 15 février et se trouve aux mains de la police qui veut l’interroger, ainsi que sa mère. Selon les salafistes, les chrétiens ont enlevé la fille pour éviter sa conversion à l’islam. Porte-parole de l’Eglise catholique égyptienne, le Père Rafic Greiche souligne que depuis la victoire des partis islamiques lors des dernières élections en Egypte, les agressions contre les coptes se sont multipliées dans tout le pays. La dernière attaque a eu lieu le 27 janvier dans le village de Kobry-el-Sharbat (el-Ameriya), près d’Alexandrie. Des maisons et des magasins coptes ont été pillés avant d’être incendiés par une foule d’émeutiers fanatisés.
Des attaques dans toutes les régions du pays
L’agression de Kobry-el-Sharbat, qui a débuté le 27 janvier 2012 et s’est poursuivie les jours suivants dans le silence des médias et avec la complicité de la police et des autorités politiques, a provoqué la fuite de 62 familles coptes. Le 30 janvier, les émeutiers ont à nouveau attaqué le village de Kobry-el-Sharbat, incendiant trois maisons appartenant à des chrétiens, sous les yeux des forces de sécurité, rapporte AsiaNews.
Depuis le «printemps arabe» qui a débuté en février 2011 en Egypte, 6 églises ont été vandalisées, 2 monastères attaqués, et des dizaines de jeunes chrétiennes ont été enlevées. Quelque 90’000 coptes ont fui le pays depuis la chute du président Moubarak, relève l’agence de presse Assyrian International News Agency (AINA)
«Les fondamentalistes musulmans, affirme le Père Greiche, utilisent le prétexte des cas de conversion de l’islam au christianisme et vice-versa pour attaquer et épouvanter la communauté copte et la forcer à s’enfuir, et cela arrive partout en Egypte». Il relève que les médias occidentaux véhiculent l’idée que de tels incidents n’ont lieu qu’en Haute-Egypte et dans les quartiers pauvres du Caire, où la population serait moins cultivée. En réalité, souligne-t-il, quand il s’agit du thème de la conversion d’une religion à une autre, «il n’y a pas de différence entre riches et pauvres, personnes cultivées ou ignorantes, Haute ou Basse Egypte».
Le Père Greiche note que dans la société musulmane, quiconque se convertit au christianisme est un proscrit. Celui qui, à l’inverse, dénonce les conversions forcées à l’islam n’est pas défendu par les autorités et, dans la majeure partie des cas, est contraint de retirer ses plaintes sous la pression et la menace. Le prêtre estime que la situation va encore s’aggraver à l’avenir, les salafistes étant devenus la seconde force politique en Egypte derrière les Frères musulmans. Ils pourront, affirme-t-il, avec près de 20% des sièges au Parlement, faire valoir leurs positions antichrétiennes également sur le plan politique. (apic/asian/be)