Fribourg: Les conseils évangéliques au cœur de la Journée de la vie consacrée

Plus de 170 religieuses et religieux rassemblés avec Mgr Morerod

Fribourg, 3 février 2012 (Apic) Plus de 170 religieuses et religieux se sont retrouvés à la salle paroissiale St-Pierre à Fribourg pour commémorer la Journée mondiale de la vie consacrée ce 2 février. Après les témoignages de Sr Monique Baptiste de la Visitation et du Père spiritain Jean-Claude Pariat, les religieux ont accueilli un des leurs, Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF)

Organisée par l’ASCOREF (l’Association des communautés de vie religieuse dans le canton de Fribourg), cette Journée avait pour thème «La profession des conseils évangéliques, don et signe pour notre Eglise locale et le canton». D’entrée, le président de l’ASCOREF, le Père Philippe Hennebicque de la Mission ouvrière de saints-Pierre-et-Paul (MOPP), a rappelé qu’il était important pour les congrégations de vivre leurs charismes dans le tissu social dans lequel elles se trouvent. Aujourd’hui se pose aux religieux la question de la façon de vivre les conseils évangéliques que sont la chasteté, la pauvreté et l’obéissance dans un monde en perpétuelle mutation en général et dans l’Eglise locale, en particulier. «Comment faire pour engendrer une forme de vie spirituelle qui existe déjà chez l’autre sous forme de braise, et qui n’attend qu’à être suscitée? Comment rencontrer l’autre, non pas pour lui enseigner quoi que ce soit, mais l’accueillir tel qu’il est?», s’interroge le Père Hennebicque.

Du juridique au spirituel

Pour Jean-Claude Pariat, à l’heure où l’on parle beaucoup de l’engendrement, «il est opportun de témoigner de ce qui nous a engendrés nous-mêmes». Neuvième d’une famille de dix enfants, «mes premiers conseils évangéliques, je les ai vécus dans le cadre familial, bien avant mon entrée dans la vie religieuse. J’ai pu vivre avec mes frères et sœurs des valeurs de solidarité, d’amour…», affirme-t-il.

Le Père Pariat regrette la prépondérance au cours de sa formation au noviciat du droit religieux au détriment de l’étude de la Parole de Dieu. C’était «l’initiation à une vie religieuse austère, peu en lien avec la vie future d’un missionnaire. Dieu merci, nous avions une vie de prière personnelle et communautaire très intense», raconte celui qui a rejoint le noviciat à 27 ans en 1964, après une formation d’ingénieur en mécanique générale. Son engagement missionnaire le conduira dans des contrées lointaines. De Brazzaville à Paris en passant par Dakar, Jean-Claude Pariat a été responsable de formation en mécanique, dessin, mathématiques…. Mais il a surtout animé des retraites spirituelles qui l’ont «plongé dans la Parole de Dieu, la théologie biblique». Les conseils évangéliques, il les vit au gré des engagements et de son parcours de vie. Il les puise dans les béatitudes et le Notre Père. Il s’inspire de la posture de Jésus devant les trois tentations au désert au début de son ministère ; sans oublier les bénédictions spirituelles (Ephésiens 1), qui font de lui aujourd’hui un religieux heureux.

Selon Jean-Claude Pariat, il est important pour les congrégations religieuses d’être à l’écoute de l’Esprit et de lui faire confiance. D’aller surtout à la rencontre des hommes et des femmes de ce temps. Pour cet enseignant qui se dit encadré par le droit religieux, mais engendré par la parole de Dieu, les trois vœux seraient insuffisants, «»s’ils n’ouvrent pas nos cœurs aux bénédictions de Dieu, aux sept dons de l’Esprit à ses fruits et ses charismes et à la fidélité de Jésus-Christ».

Faire confiance aux nouvelles générations

Le témoigne de Sr Monique Baptiste est une reconnaissance aux congrégations religieuses «Vous êtes un don depuis mon enfance», leur a-t-elle déclaré, très émue. Toute petite, elle rendait visite aux membres de sa famille, engagés dans différentes congrégations religieuses. La petite fille et «l’adolescente rebelle que j’étais» sera marquée par la qualité de l’accueil, l’écoute et le regard de ces religieux heureux. Aujourd’hui, la visitandine qu’elle est devenue essaie de vivre ces valeurs dans sa congrégation. Sr Monique-Baptiste vit les conseils évangéliques au jour le jour, en communauté. Mais vivre ensemble les conseils évangéliques demande un travail sur soi. Car, avant d’être signe pour les autres, la profession des conseils évangéliques doit être signe pour soi-même, dans «l’écoute de la Parole du Christ qui nous révèle que nous sommes fils, fille, bien-aimé du Père». Vivre des conseils évangéliques, c’est être des vivants, debout au cœur même des fragilités et des handicaps de toutes sortes. Par ailleurs, vivre les conseils évangéliques, c’est être à l’écoute du rythme de l’autre et se laisser conduire.

«Pour l’Eglise locale, vivre les conseils évangéliques, c’est être là où la vie commence, naît, est appelée à grandir, là où elle est niée, avortée, utilisée», affirme-t-elle. Selon la visitandine un moyen qui permet de vivre les conseils évangéliques est la prière liturgique personnelle et communautaire, le silence, la méditation. C’est «l’extrême expression de notre choix libre de vivre la profession les conseils évangéliques: tout est remis à Dieu dans le Christ et ouvert à l’Esprit qui inspire toute démarche. Se fixer des temps de prière signifie que Dieu est premier dans notre vie. C’est ainsi que la profession des conseils évangéliques devient source de paix et de joie», avoue-t-elle.

Sr Monique-Baptiste invite les congrégations à «faire confiance aux nouvelles générations qui sauront inventer l’expression adéquate du visage de la vie consacrée. Les jeunes trouveront leur chemin d’expression de l’attachement au Christ. Soutenons-les en mettant en œuvre les fonctions paternelles et maternelles en nous et qui sont attributs de Dieu!»

Purifier nos attentes

En fin de journée, Mgr Charles Morerod a été accueilli chaleureusement par les participants à qui il déclare: «Je me sens avec vous comme chez moi». Revenant au thème de la rencontre, Mgr Morerod affirme qu’en tout temps, s’il y a eu un renouveau dans l’Eglise cela a été par un retour aux sources évangéliques. Et tout au long de leurs histoires, les religieux ont voulu suivre le Christ en vivant les conseils évangéliques. Même si c’est le but de tout baptisé de ressembler au Christ, la vie religieuse a cette spécificité d’un dévouement total à Dieu. Un des buts de la vie religieuse est de manifester la manière dont le Christ a vécu. En ce sens le religieux doit imiter chaque aspect de sa vie, à telle enseigne que «chaque aspect de l’Evangile doit demeurer dans notre vie. Ces aspects c’est par exemple la prière, comme Jésus qui se retire pour prier seul ou en communauté. La vie consacrée c’est l’imitation de la communauté apostolique où les disciples vivaient ensemble en mettant en commun leurs biens comme le décrivent les actes des apôtres», affirme-t-il.

Lors de la messe qui a clôturé la journée, Mgr Morerod, s’inspirant des lectures de cette solennité de la présentation de Jésus au Temple, a invité les religieux à purifier leurs attentes envers Dieu dans la prière comme Siméon et Anne. Et d’ajouter que la prophétie de Siméon, sur le petit Enfant-Jésus, «Il sera source de division», nous concerne tous aussi. Parce que ce que Jésus demande est parfois difficile. Il nous divise à l’intérieur de nous-mêmes parce que nous avons de la peine à nous donner complètement à Dieu. En l’acceptant totalement, en lui soumettant nos pensées, nous pouvons montrer pleinement la joie qu’il y a d’être avec Lui. C’est ainsi que nous allons donner envie aux autres de venir à Lui. (apic/ea/bb)

3 février 2012 | 16:04
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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