Birmanie: 100ème anniversaire de la cathédrale de Rangoun
Le symbole de l’histoire du christianisme en Birmanie
Rangoun, 6 décembre 2011 (Apic) L’archidiocèse de Rangoun fêtera le centième anniversaire de sa cathédrale le 8 décembre 2011. Pour l’occasion, l’édifice a été rénové de fond en comble, indique Eglises d’Asie (EDA), l’agence de presse des Missions étrangères de Paris, le 5 décembre.
«La cathédrale Sainte-Marie, à Rangoun, fête ses cent ans. Elle est le symbole de l’histoire du christianisme dans ce pays. Elle porte haut le message du Christ, montrant que les chrétiens abordent ce nouveau millénaire ainsi que les jours historiques que nous vivons, dans l’espérance et l’optimisme», déclare Mgr Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun. Dans deux jours, l’édifice accueillera une cérémonie spéciale pour son centième anniversaire: le cardinal Renato Martino, envoyé spécial du pape, l’opposante Aung San Suu Kyi et le ministre birman des Affaires religieuses seront présents pour l’occasion.
Rénovation complète de l’édifice
En vue du centenaire, l’église a été soumise à trois années de rénovation. Les vitraux ont été remplacés, l’intérieur repeint entièrement et l’extérieur ravalé. La statue de la Vierge, qui trône au sommet de la façade, est désormais éclairée comme le sont les statues de Bouddha, innombrables dans le pays. «Je trouve que les rayons de lumière qui irradient de la tête de la statue de la Vierge nous font ressentir la force de sa bienveillance. De plus, la statue est maintenant visible de loin», témoigne une paroissienne.
C’est au 19ème siècle que la jeune Eglise birmane entreprend la construction d’une nouvelle cathédrale. Les Pères français des Missions Etrangères ont alors remplacé les barnabites italiens dans le pays. L’un d’entre eux, Mgr Alexandre Cardot, vicaire apostolique de la Basse-Birmanie de 1893 à 1926, lance le vaste chantier en 1895. Sur les plans de l’architecte hollandais Joseph Cuypers, la cathédrale de briques, de style néo-gothique, sort de terre. Les travaux ne sont pas aisés, car le terrain de la construction est meuble et les deux tours de la façade s’enfoncent d’une soixantaine de centimètres après leur édification. En 1911, l’édifice est malgré tout achevé.
Peu éprouvée par le fort tremblement de terre qui secoua Rangoun le 5 mai 1930, l’Eglise sort sans dommage majeur des combats de 1941-42 consécutifs à l’invasion japonaise. Mais le 14 décembre 1944, une bombe alliée souffle tous les vitraux. Le 2 mai 2008, le cyclone Nargis brisera une nouvelle fois les vitraux et endommagera le toit. Des outrages qui rendent la rénovation complète du bâtiment plus que nécessaire, d’après le Père George, porte-parole de la paroisse.
Encadré
Sur les 4% de chrétiens que compte le pays, seul 1% est catholique. L’Eglise en Birmanie est donc, selon les termes de Mgr Charles Bo, «une petite minorité sans grands pouvoirs». Mais c’est une minorité active: «Nous sommes comparables aux militaires en ceci que nous sommes la seule communauté à être présente partout dans le pays! Dans bien des régions isolées, nous sommes les seuls à être aux côtés des gens pour leur apporter un soin pastoral, éducatif ou médical.»
Malgré les persécutions, l’Eglise n’a eu de cesse de poursuivre le travail de charité et d’évangélisation: «De huit diocèses, nous sommes passés à seize; de 300’000, le nombre des fidèles est passé à 750’000. Les prêtres étaient 150, ils sont aujourd’hui 750 ; les religieuses étaient 400, elles sont désormais 1’600.» Et les catholiques ne comptent pas en rester là: «Aujourd’hui, dans un pays qui est en train de vivre de grands changements, l’Eglise compte bien être une ressource pour construire l’avenir de la nation», confie l’archevêque de Rangoun. (apic/eda/amc)