Egypte: Vague d’enlèvement de chrétiens à fin de rançons
Les coptes deviennent victimes d’un gouvernement arbitraire
Le Caire, 9 novembre 2011 (Apic) Les chrétiens d’Egypte sont toujours davantage la cible d’enlèvements, dénonce le 9 novembre la Société pour les peuples menacés (SPM), basée à Göttingen en Allemagne. Depuis début octobre, la seule Province de El Minya, au sud du Caire, a été le théâtre de 12 enlèvements de coptes.
«Pour chacune de ces familles coptes, les ravisseurs exigent des rançons allant jusqu’à 25’000 euros (environ 30’000 francs) afin d’obtenir la libération de leur parent», souligne la SPM. Le spécialiste de cette organisation pour l’Afrique, Ulrich Delius, dénonce une attitude toujours plus arbitraire de l’Etat. Ainsi, l’armée a décidé d’attribuer aux coptes la responsabilité des heurts qui ont accompagné les protestations de milliers de chrétiens le 9 octobre au Caire, et qui se sont terminées dans un bain de sang. 34 coptes chrétiens devront passer en jugement, dénonce la SPM. «Parmi eux se trouvent trois mineurs, ainsi que plusieurs personnes qui n’ont pas pris part à la manifestation et qui ont été arrêtées uniquement en raison de leur foi», lance Ulrich Delius.
Les coptes et de très nombreux autres témoins attribuent clairement la responsabilité des massacres du 9 octobre à l’armée. «Mais pour se blanchir de toute faute, l’armée égyptienne accuse les victimes d’être les auteurs», dénonce Ulrich Delius. «L’évidente défaillance des militaires égyptiens et l’ingérence militaire dans la justice» ont des conséquences catastrophiques pour les coptes. Ils se sentent encore moins en sécurité en Egypte du fait que les forces de sécurité les criminalisent.
L’attentat de Nouvel-An n’est toujours pas élucidé
Les chrétiens ressentent également de l’amertume, selon la SPM, car l’attentat de Nouvel-An dernier contre les paroissiens de l’église copte orthodoxe d’Al-Kidissine à Alexandrie n’a toujours pas été élucidé. 24 personnes avaient trouvé la mort et plus de 80 autres avaient été blessées. L’Eglise copte orthodoxe accuse le ministre-président, le ministre de la justice et le haut procureur fédéral d’entraver volontairement l’enquête en cours. «Ainsi, on attise un climat d’impunité, dans lequel les coptes n’entrevoient plus d’avenir pour eux en Egypte et émigrent en masse», dénonce Ulrich Delius. (apic/kna/bal/bb)